Étude sur plusieurs nécrologies de Michel Tournier

Le terme de nécrologie, genre journalistique, n’a pas toujours existé. Pourtant, le concept est tout de même présent comme on peut le voir par exemple par l’article publié en 1673 par la Gazette d’Amsterdam à l’occasion de la mort de Molière. Le genre de la nécrologie doit répondre à certains critères qui sont au nombre de quatre pour être considéré comme tel. Il faut que la nécrologie soit publiée quelques jours après la mort. Le mort ne doit en aucun cas être critiqué, la cause de la mort ne doit pas être mentionnée mais le jour et le lieu précis et l’âge doivent l’être. La nécrologie doit faire le récit de la vie du défunt et parler de ses œuvres qu’il a écrites ou auxquelles il a participé. Enfin, la nécrologie doit être signée et posséder un titre. Nous allons donc étudier quatre articles de nécrologie sur la mort de Michel Tournier venant de journaux ou de pays différents. Il s’agit de l’article de Libération intitulé « Michel Tournier rejoint les limbes », l’article du Figaro, « Michel Tournier, la mort du père de « Vendredi » », l’article du Guardian et enfin celui de Télérama. J’ai choisi ces quatre journaux car ils sont tous différents : les trois premiers sont vus comme des journaux sérieux mais de bord politique différent et dans le cas du Guardian de nationalité différente. Sa façon de concevoir une nécrologie est donc peut-être différente. Télérama est, au contraire, un magazine culturel qui parait une fois par semaine. Nous allons donc nous demander quelles sont les différences et les ressemblances entre ces quatre articles. Nous allons voir dans un premier temps si les articles respectent les caractéristiques de la nécrologie que nous avons plus haut. Dans un deuxième temps, nous verrons que l’auteur n’est pas présenté de la même manière dans l’article du Guardian que dans les articles français. Dans un troisième temps, nous chercherons à montrer la présence ou non de biographèmes dans ces quatre nécrologies.

Les articles du Figaro, de Télérama et de Libération respectent les caractéristiques de la nécrologie. Les deux premiers ont été publiés le jour même de la mort et celui de Libération seulement un jour après. Les trois articles ont tous un titre qui fait référence aux œuvres de Michel Tournier. Ils en parlent plus précisément dans l’article en lui-même mais Télérama et Libération présentent ses œuvres au début (mais Libération les reprend dans la bibliographie qu’ils font de l’auteur). Le Figaro lui les cite dans leur ordre de publication. Ces trois articles font aussi le récit de la vie de l’auteur mais alors que Le Figaro et Télérama retracent sa vie de manière linéaire, Libération part de la fin de sa vie pour retourner au début. Dans Le Figaro, le lieu, la date de la mort et l’âge du défunt sont précisés dès le début (« s’est éteint ce lundi, chez lui, à Choisel, dans les Yvelines, à 91 ans »). C’est le cas aussi pour Libération et Télérama mais avec moins de précisions. En effet, pour le premier seul l’âge du défunt et la date de la mort sont mentionnés (« l’auteur… est mort lundi à 91 ans ». Pour le deuxième, sa mort est annoncée en une seule phrase et seul son âge est précisé (« L’écrivain français est mort à l’âge de 91 ans »).

L’article du Guardian ressemble beaucoup aux autres articles, il a lui aussi un titre mais celui-ci ne fait pas référence à un de ses ouvrages en particulier. On peut remarquer aussi la présence d’une biographie où les éléments présentés se retrouvent dans les articles du Figaro et de Télérama. Par exemple, dans The Guardian, il est dit que Michel Tournier « was born in a middle-class family with a strong religious tradition and close links to German culture », élément qu’on retrouve dans les nécrologies françaises : « sa famille se veut de culture allemande, catholique et musicale » (le Figaro) et « dans une famille de germanistes » (Télérama). L’article anglais parle aussi des études qu’il a fait (« During the second world war, he studied philosophy and law at the Sorbonne in Paris ») ce qui est le cas aussi dans Le Figaro : « Après la guerre, il étudie, le droit, la philo ». Dans l’article anglais, Dans l’article du Guardian, on peut remarquer qu’au début ils font une présentation de l’auteur (« Michel Tournier… was one of the leading French novelists of the last third of 20th century. He was a splendidy inventive and imaginative writer committed to reviving myths and legends ») et font un résumé de certaines de ses œuvres (« Tiffauges, the hero of his novel Le Roi des Aulnes (1970, The Erl king) explains Nazi death camps » et « Les Météores (1975, Gemini) explored the metaphysical and sexual dimensions of twinship »), ce qui n’est pas le cas dans les articles français, ils ne le font pas de manière aussi détaillée ou alors pas du tout. L’article anglais trouve nécessaire d’expliquer qui est l’auteur car il part du fait que peut-être les gens qui vont lire l’article ne connaissent pas bien l’auteur et ses œuvres.

De nombreux biographèmes sont utilisés dans les biographies, nous allons voir si c’est le cas dans celles-ci et si ce sont les mêmes qui sont reviennent dans chacune d’entre elles. On peut remarquer que les trois articles français parlent des difficultés qu’il a eu dans son enfance (uniquement Le Figaro : « J’ai eu une petite enfance parisienne très malheureuse ») et dans ses études (« quelques échecs à l’agrégation de philosophie », Télérama, « il échoue à l’agrégation », Le Figaro et « ses échecs à l’agrégation de philo », Libération). Un autre biographème est qu’on a l’image d’un artiste vivant simplement comme on le constate dans Le Figaro, « une vie presque bohème »). Mais on peut voir que certains éléments présents ne sont pas des biographèmes. Par exemple, il tient des propos dérangeants sur la Seconde Guerre Mondiale (« je peux vous dire que cela a été un moment abominable, pire que l’Occupation » dans Le Figaro et dans Libération : « Les avorteurs sont les fils des monstres d’Auschwitz »).

Lien vers l’article de Libération : « Michel Tournier rejoint les limbes »

Lien vers l’article du Figaro, « Michel Tournier, la mort du père de « Vendredi » »

Lien vers l’article de Télérama : « L’écrivain Michel Tournier, auteur du “Roi des Aulnes” et de “Vendredi ou la Vie sauvage”, est mort »

Lien vers l’article de The Guardian :  » Michel Tournier obituary »

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