Nous et les autres

Nous devons étudier le sujet Nous et les autres. Ce sujet implique que nous faisons une séparation entre « nous » et « les autres », que nous nous considérons peut-être supérieurs à de ceux qui sont différents de nous. C’est exactement le sens de l’adjectif autre qui veut dire différent, distinct (L’Internaute). Le nom « autre » a un sens semblable à celui de l’adjectif. En effet, selon L’Internaute, l’autre désigne autrui (donc celui qui n’est pas nous). Mais il y a aussi une idée d’opposition : l’autre est « l’un des deux nommés dans une alternative par opposition à l’un ». Nous allons étudier quatre textes et une vidéo qui nous montrent chacun une conception différente de notre relation avec l’autre. On peut classer en deux catégories : les textes présents dans la première cherchent à se présenter comme non-raciste et ceux dans la seconde ont plus une volonté de montrer que le mélange entre les « races » est inévitable ou une évolution dans la conception de la xénophobie. D’un côté, nous avons la retranscription écrite de la 2ème séance du 9 juillet 1986 de l’Assemblée Nationale, la vidéo « Bruxel, uw bestemming… » qui présentent toutes les deux un non-racisme mais aussi leur refus à ce que les étrangers viennent chez eux. De l’autre, un extrait de Tzvetan Todorov dans son ouvrage Nous et les autres, La réflexion française sur la diversité humaine (1989) qui reprend les idées de Gobineau qui différencie la « race » et la « civilisation », le résumé de la thèse La France hostile. Histoire de la xénophobie en France au XIXème siècle de Laurent Dornel qui nous parle de l’évolution de la signification du terme étranger et du but de la différenciation entre étrangers et citoyens et un extrait de La fabrique de la haine d’Enzo Traverso qui présente l’évolution qu’a connue l’extrême droite en France. Nous allons nous demander qu’est ce qui pour ces différents documents différencie l’autre de nous et comment cette idée de différence entre les deux peut être utilisé à des fins politiques, idéologiques ou pour défendre certaines valeurs ou donner une certaine image de soi. Nous allons voir dans un premier temps l’avis donné dans les documents sur cette question de nous et les autres et quelle image ils donnent par leur propos. Nous allons voir dans un deuxième temps les moyens qui sont utilisés dans ces documents pour faire valoir leurs idées. Dans un troisième temps, nous allons voir s’il y a eu une évolution du sens des termes xénophobie et étranger et ce que cela montre de la société ou des gens qui les utilisent.

Les relations entre nous et les autres et ce qu’elles entrainent sont vues de manière différente par Jean-Pierre Jalkh dans son intervention à l’Assemblée Nationale le 9 juillet 1986 et par Joseph Arthur de Gobineau dont les idées sont reprises par Tzvetan Todorov dans son ouvrage Nous et les autres. La première différence que nous pouvons faire entre Jean-Pierre Jalkh et Gobineau est que l’image que l’image qu’on a d’eux n’est pas le même. Jean-Pierre Jalkh se présente comme non-raciste alors que Gobineau a été vu comme un des premiers penseurs du racisme. Mais selon Tzvetan Todorov, la pensée de Gobineau n’est pas xénophobe contrairement à l’image qu’on en a.
Jean-Pierre Jalkh tente de donner l’image de quelqu’un de non-raciste en faisant une distinction entre deux notions : la xénophobie et le racisme et en critiquant ceux qui savent ne pas faire la différence. Selon lui, on peut être xénophobe sans être raciste et ce n’est pas parce qu’on ne veut pas d’étrangers chez nous car cela nuirait aux intérêts des Français nés en France qu’on est raciste. On peut le voir par un passage dans lequel il défend son parti d’être raciste : « Le Front National ne souffle pas sur les braises du racisme. Il étouffe au contraire ou, à tout le moins, il diffère les éventuelles réactions de désespoir de nos concitoyens les plus excédés avec les difficultés de cohabitation avec certaines communautés étrangères ». Gobineau au contraire pense que ce n’a sert à rien de faire partir les étrangers car les populations se sont déjà mélangées et on ne peut donc pas arrêter quelque chose qui a déjà commencé. Pour Gobineau ce n’est pas un problème qu’une civilisation connaisse l’influence d’autres cultures, il voit même cela comme enrichissant. Mais le fait que la race se perde à cause des mélanges entre les gens entrainera la fin de l’humanité. Malgré ce qu’il considère comme horrible, il sait aussi que c’est inévitable. C’est pour cette raison que contrairement à Jalkh il n’est pas contre la présence d’étrangers dans un pays. Cela ne serait pas logique de chasser les étrangers d’un pays pour éviter les mélanges alors que la race est déjà mélangée.

Nous allons voir dans cette deuxième partie que ces documents montrent leurs idées par différents procédés. Nous allons prendre pour cela l’exemple de la vidéo « Bruxel, uw bestemming … » et de l’intervention de Jean-Pierre Jakhl à l’Académie Française. En effet, le premier donne plusieurs sens à son discours sans vraiment trancher dans un sens ou dans l’autre. De plus, certains de ses arguments sont surprenants et on a donc du mal à prendre ce discours au sérieux. Mais cela fait en fait partie de leur stratégie pour arriver au but suivant : que les étrangers restent chez eux plutôt que de venir en Belgique. Pour cela, il utilise des arguments plausibles et d’autres qu’on a du mal à croire. On est donc dans le doute face à cette vidéo, on se demande si tout cela est vrai, si ce n’est pas une parodie. Le fait d’instaurer le doute fait que les gens qui voient cette vidéo ne savent pas comment la prendre et peuvent prendre le parti d’en rire ou de ne pas y croire. Malgré le fait que cette vidéo parle du refus de recevoir des étrangers, l’humour qui est utilisé a pour but de diminuer l’impact des propos comme par exemple quand ils disent qi En plus des arguments qui semblent étranges, certains des arguments montrent une prise en considération des étrangers. En effet, les différentes personnes qui parlent dans la vidéo pensent que les étrangers seraient mieux chez eux qu’ici, ils donnent des raisons à cela. On ne pourrait plus les accueillir dans des conditions décentes (« Et nous ne sommes plus en mesure d’accueillir qui que ce soit dignement »). Cela contribue donc à accepter le message de cette vidéo et de ne pas le voir comme problématique. Jean-Pierre Jakhl utilise lui aussi l’humour pour faire passer plus facilement ce qu’il dit, pour essayer de réduire le côté polémique.

Nous allons nous demander s’il y a eu une évolution du sens des termes xénophobie et étranger et les valeurs que l’on associe aux personnes qui se définissent par rapport à ces deux termes. Nous allons prendre comme support pour étudier cela le résume de la thèse de Laurent Dornel et un extrait du texte de La Fabrique de la haine d’Enzo Traverso. Laurent Dornel prend le cas de la France et nous montre que définit l’étranger c’est aussi définir la République. Dans la société, on oppose citoyen et étranger mais la notion de citoyen n’a pas toujours existé, elle est née en même temps que la notion de nation. Avant, on parlait de royaumes et de sujets. Or être sujet est un choix que l’on fait, on choisit de faire allégeance à tel roi à pas un autre et c’est ce qui définit notre appartenance à un royaume. Mais ce n’est pas le cas pour le mot citoyen, celui-ci a besoin d’une définition plus précise. La notion d’étranger n’était pas aussi importante quand il y avait encore des sujets et non des citoyens car on ne posait pas de questions sur l’identité ou l’origine d’une personne. Au contraire, pour être citoyen, il faut répondre à certains critères : droit du sol, droit du sang. On peut remarquer une évolution dans le sens d’étranger : avant le 19ème siècle, ce terme désignait ceux qui n’avaient pas de lieu où habiter et ensuite il a désigné tous ceux qui venait d’un autre pays. La xénophobie ne concerne pas la première définition de l’étranger mais la deuxième. Enzo Traverso, lui nous parle plutôt de l’évolution qu’a connue l’extrême droite, il y aurait eu une extrême-droite historique qui se caractérise par le fascisme ou le nazisme, le culte du chef et d’un État fort. Elle aurait été ensuite remplacée par une autre plus moderne qui se caractérise par l’individualisme, le nationalisme mais pas forcément qui prendrait « la forme d’une défense de l’Occident menacé par la mondialisation et le choc des civilisations ». Selon Traverso, ce serait la plus xénophobe comme on peut le voir par ce passage du deuxième paragraphe : « l’élément fédérateur de cette nouvelle extrême-droite réside dans la xénophobie ».

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